Dans le cadre de « Collage, il n’y a pas d’alternative », Philippe Lemaire, artiste et auteur de « Colleur de rêves » et Géraldine Serbourdin, auteur de la « Nouvelle Revue Moderne » dont les écrits s’inspirent parfois de ses collages, vous proposent une rencontre, lecture,… au la Qsp galerie /B.A.R. le vendredi 6 mai à 18h30 suivi d’un concert de Limonade Extended.
Limonade Extended ce sont les musiciens :
_ Michel Stawicki : saxophones alto et ténor (improvisation lyrique et déglinguée)
_ Eric Mimosa : guitare électrique (entêtante, funambulesque et éthérée)
_ Christoph Bruneel : Batterie (aime à souligner et percuter les courbes de l’espace)
_ Falter Bramnk : Claviers cosmiques
_ Sam Bodart : balafon des pays lointains
LE TRAVAIL DU REVE
Collage, écriture, création
Collage et création sont des mots qui vont très bien ensemble. « Dès que quelqu’un colle, c’est intéressant », aurait pu dire Raymond Queneau comme il l’a fait à propos de l’écriture. Le collage est chose mentale. C’est d’abord une opération naturelle de l’esprit. Tout peut être rapproché avec tout, sur le mode de l’opposition ou de l’analogie, le grand principe universel de la magie. Comme le rêve, le collage associe des images du monde en miroir de notre monde intérieur. C’est la liberté de l’esprit, ouverte à tout un chacun, « la poésie faite par tous ».
Philippe Lemaire
ALORS QUE NOBLE EST LA NUIT
Si le collage est écriture à partir d’images, l’écriture est découpage dans la langue. Travail de la matière. Tissage autant que fouille. Une voix nouvelle se fait entendre quand la langue a été trouée d’une parole singulière, quand, à partir de mots on construit un parcours de sens ou une forme poétique. De même une fable inédite peut naître de la rencontre entre différents univers iconographiques.
Ecrire sur les collages de Philippe Lemaire s’apparente pour moi à la transcription d’un rêve, au prolongement d’un songe, à la révélation d’une secrète flânerie. Au voyage d’une langue à une autre, qui invite à la bascule, au déséquilibre, aux va et vient souvent vertigineux entre image et texte.
Des signes de l’autre, émis d’un endroit de lui incertain, inconnu, m’interpellent à mon insu et réveillent en moi une parole créatrice. De ces voix réunies se trame une histoire qui peut à son tour espérer toucher d’autres imaginaires. On n’écrit pas qu’avec des mots et souvent des images recouvrent du texte.
La matière mystérieuse, opaque et laborieuse de la nuit oblige à adopter une autre grammaire au risque de tomber à côté et à plat. On ne peut trivialiser la nuit alors que sa sphère est onirique. Alors que noble est la nuit. L’inconscient se déploie sur du relief et navigue à vue entre signifiant et signifié, récif et corail, utopie et dyslexie, présent et passé, individuel et collectif.
Le poétique qui se décline dans le collage ou dans l’écriture participe de la même énergie, celle qui nous incite à l’irrévérence envers le dogme, les choses et images toutes faites, les idées reçues et trop établies. Le même élan vers la création de petites formes inédites qui changent notre regard sur le monde.
Géraldine Serbourdin