_ Exposition du 9 octobre au 20 novembre 2021
_ Vernissage vendredi 8 octobre à partir de 18:00
_ Goûter des artistes dimanche 10 octobre de 15:00 à 19:00

L’exposition « EN DÉCOUDRE » se situe dans un lieu particulier de Roubaix, un ancien commerce du centre-ville : la Draperie Claude, transformée aujourd’hui en galerie d’art. Des usines textiles, des magasins de tissus, la ville de Roubaix en regorgeait au XIXème siècle. Cette identité textile, Roubaix l’a conservée en maintenant une partie de son patrimoine, en développant des formations de haut niveau autour du textile, en accueillant des artistes dans ses friches et en créant et aménageant, entre autres réalisations, le musée La Piscine ou La Manufacture.

« EN DÉCOUDRE » s’inscrit dans ce contexte textile. L’expression « En découdre » évitera le sens le plus usité, relatif au fait de se quereller, de se battre pour se situer davantage dans l’axe de « défaire ce qui a été cousu ». Pourtant les œuvres présentées font abstraction de l’utilisation du fil, de l’aiguille et du tissu.
L’exposition cherche à révéler les liens intrinsèques et sous-jacents entre textile et pratiques artistiques liées à l’installation. Elle vise à reconstituer les processus initiaux de la couture, de la fabrication du textile et de la création du motif. Le rapport à la matière s’exprime à travers le dessin, la peinture, la gravure, le découpage, le collage ou encore la céramique.

Coudre et découdre. Découdre un bouton pour le recoudre. L’artiste défait pour refaire. Mais la démarche artistique vise aussi à prendre en compte le deuxième sens de l’expression « en découdre » signifiant « éventrer », soit fendre largement pour atteindre le contenu. Comment en découdre avec le textile ? Quatre artistes se sont intéressées à ce projet : Michèle Cirès-Brigand, Christine Crozat, Natalia Jaime-Cortez et Floriane Pilon. Elles sont de toutes générations et leurs pratiques contemporaines, pourtant très diverses, les rapprochent. Elles entretiennent chacune un lien très fort avec l’environnement textile et ses codes.

Fille de couturier, Michèle Cirès-Brigand, intègre dans sa démarche les fondements qui constituent le point de départ de la couture. Ainsi, avant de coudre, on construit un patron. L’artiste, à partir d’un dessin inspiré d’un patron, en évide la forme. Elle garde le pourtour sous forme d’un cerne qu’elle colorie. Elle assemble ces découpages précis en les faisant se chevaucher les uns les autres. Avant de passer à l’étape de la couture, on sélectionne aussi des couleurs et des matières sur des échantillons. Michèle Cirès-Brigand, sur papier, constitue des palettes de couleur, des nuanciers à l’aide d’encres colorées et de ciseaux crantés ou non. Elle applique des gammes colorées sur des formes de col, de cravates. Sans aborder le tissu en tant que tel, le travail de l’artiste a pourtant trait à la confection du vêtement et à ses caractéristiques que sont le tracé, la couleur et quelquefois la texture rendue visible par le motif (pied-de-poule, bayadère) et la picturalité de l’encre.

Dans sa pratique, Christine Crozat superpose souvent des calques et des papiers fins transparents sur lesquels elle dessine. Transcrites sur chaque feuille, des formes différentes sont ainsi rendues visibles ou deviennent évanescentes selon la transparence des supports. Sa technique créatrice est proche de celle des couturiers qui dessinent ou copient des patrons. Un patron, c’est un plan comme un dessin d’architecture. Un dessin qui se décalque, se reproduit, se forme, se déforme, se découpe. L’artiste présente aussi de grands dessins saturés d’écritures graphiques noires. Comme pour ses œuvres sur calque, ce qui est donné à voir n’est pas évident au premier regard. L’artiste camoufle des motifs floraux dans des fonds très travaillés. Après avoir dessiné le contour de plantes, elle veille en priorité à nourrir les espaces laissés vides. Fond et forme se retrouvent sur un même plan, incitant à se questionner sur la distance établie par ces dessins avec la création textile.

De son côté, Natalia Jaime-Cortez s’attaque à la matière, celle du papier, et éprouve sa résistance. Celui-ci endure des trempages dans des rivières, dans l’eau de mer, dans des jus colorés et se plie aux essorages. Le papier est considéré comme une surface à activer, à malmener. Les couleurs obtenues sont sourdes et denses et saturent la surface du support. L’artiste n’hésite pas à élaborer de gigantesques formats pliés au préalable au format carré comme peuvent l’être les serviettes de table. Plongés dans des bains chargés en pigment, ils sont ensuite dépliés et suspendus. L’œuvre prend alors l’apparence d’un tissu teint façon « shibori » ou « tie and dye », effet dû aux traces du pliage. Les réalisations de Natalia-Jaime Cortez jouent sur la forme, l’empreinte de la couleur et la matière révélée. Elle enchevêtre aussi des papiers découpés créant ainsi un échantillonnage de formes teintes dont l’aspect rappelle celui des soieries ou encore des peausseries fines.

Quant aux œuvres de Floriane Pilon, elles entrent en connexion avec les techniques de fabrication du textile qui allient le travail des machines industrielles et les savoir-faire patrimoniaux. L’artiste relève des empreintes, grave, imprime, sculpte divers matériaux et met en tension des installations. Ainsi les céramiques Leather Offcuts sont le résultat d’empreintes de velours sous lequel des chutes de cuir ont été placées. Ligner, série d’œuvres issues d’une impression de formes modélisées en 3D, représente une structuration de lignes droites qui entrent en écho avec les fils de trame du métier à tisser. Ce travail peut aussi suggérer les cordes tendues des instruments de musique et l’expression « tiré au cordeau ». Pour Path, la plasticienne fait rouler sur des plaques d’argile un rondin de bois brut afin de marquer en creux la trace de l’écorce de façon répétitive. En commun avec la production du tissu, Floriane Pilon manie l’art du fil tendu et une réflexion autour de l’ornementation.

Dans le contexte de cette exposition, les installations de Michèle Cirès-Brigand, Christine Crozat, Natalia Jaime-Cortez et Floriane Pilon entrent pleinement en résonnance avec l’environnement technique et l’univers créatif du textile.
EN DECOUDRE rend hommage aux hommes et aux femmes du métier : couturiers, tisserands, ouvriers, designers, ingénieurs et valorise à la fois traditions et savoir- faire, créativité et modernité.

Clotilde Boitel, Commissaire de l’exposition

Bureau d’Art et de Recherche | Qsp galerie
Lieu de cercle privé – Adhésion annuelle à partir de 5 € – 112, Avenue Jean Lebas – 59100 Roubaix – tél. 03.62.28.13.86
www.le-bar.fr – info.le.bar@free.fr
Nocturne Jeudi 15:00 > 20:00
Vendredi, samedi & 1er dimanche 15:00 > 19:00
M° ligne 2 > Gare Jean Lebas – Bus > n°30 – 33 – CIT5 – Z6
Parking & V’lille > Gare Jean Lebas & Musée La Piscine